Cameroun : Élections, fédéralisme, jeunesse, les engagements d’un candidat pour un Cameroun nouveau

Dans un entretien accordé à notre rédaction, un candidat à la présidentielle trace les grandes lignes de son projet de refondation du Cameroun. Entre rupture politique, fédéralisme solidaire et relance économique centrée sur la jeunesse, il répond sans détour aux préoccupations majeures des citoyens.
Un système électoral critiqué : « Posez la question à ceux qui organisent les élections »
Interrogé sur la crédibilité du système électoral camerounais, le candidat botte en touche, mais pas sans message clair : « Il faut poser cette question au Ministre de l’Administration Territoriale, au Directeur Général d’Elections Cameroon et au Président du Conseil constitutionnel. Ce sont eux qui organisent et arbitrent les élections. C’est à eux d’en garantir la transparence. » Pour sa part, il se dit concentré sur « le terrain de la compétition électorale », là où, selon lui, se joue sa véritable mission.
« Je dissoudrai le Parlement pour rebattre les cartes »
Le candidat ne cache pas sa volonté de rupture avec l’ordre institutionnel actuel. Face à l’absence d’un appareil politique structuré à ses côtés, il propose un coup d’accélérateur démocratique : »La prorogation du mandat des députés, des sénateurs et des élus locaux sera annulée. Le Sénat et l’Assemblée nationale seront dissous. Des élections seront rapidement organisées pour installer une gouvernance légitime, fondée sur le suffrage du peuple souverain. »
Fédéralisme solidaire à quatre États : un nouveau modèle pour sortir de la crise
Sur la crise anglophone et la décentralisation, le ton est sans ambiguïté. Le modèle actuel, dit-il, « a montré ses limites » : « Les collectivités territoriales sont frustrées, sans moyens d’action face à un pouvoir hyper centralisé. La crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest en est l’illustration la plus dramatique. »
Sa réponse : un fédéralisme solidaire à quatre entités régionales État SAWA (Littoral et Sud-Ouest), État GRASSFIELD (Ouest et Nord-Ouest), État du SEPTENTRION (Grand Nord), et État FANG-BETI (Centre, Sud, Est).
Un projet assorti d’une réforme linguistique ambitieuse : « Une langue camerounaise sera créée, imposée par décret et enseignée de la maternelle à la Terminale. Chacun devra pouvoir s’exprimer à terme en deux langues : le camerounais et la langue de ses ancêtres. »
Contre la corruption : fin de la collusion entre les pouvoirs
Loin des discours classiques, le candidat rejette la multiplication des agences anti-corruption et plaide pour une séparation réelle des pouvoirs « L’indépendance de la justice est nécessaire mais insuffisante. Il faut aussi émanciper le Parlement, créer de véritables mécanismes de contrôle, et bannir toute collusion entre institutions. Même le Président de la République doit pouvoir être interpellé s’il déroge à l’éthique. »
Jeunesse et emploi : « Nos jeunes auront l’embarras du choix »
Sur l’épineuse question de l’emploi des jeunes, le candidat évoque son propre vécu : « J’ai trouvé un emploi à 39 ans. Je sais ce que c’est de rester sans activité alors qu’on a de l’énergie à revendre. Nos jeunes sont bloqués par un système figé. »
Il promet une relance de tous les secteurs productifs, avec une priorité donnée à la production locale, et un soutien massif à l’innovation : »Nos génies seront accompagnés pour créer des entreprises qui emploieront d’autres jeunes. Nous aurons nos propres Elon Musk, nos Steve Jobs camerounais.
Une vision de rupture radicale
Au fil des réponses, se dessine le projet d’un candidat en rupture avec les pratiques établies. Dissolution des institutions actuelles, fédéralisme, réforme linguistique, relance économique endogène : son ambition est claire, faire du Cameroun un État nouveau, gouverné par la légitimité populaire et porté par sa jeunesse.
Dimitri Mebenga