Forum sur la coopération sino-africaine : Les droits de douane sur les exportations de 53 pays africains supprimé par la chine

Forum sur la coopération sino-africaine : Les droits de douane sur les exportations de 53 pays africains supprimé par la chine

À l’issue de la réunion des coordinateurs du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) qui s’est tenu les 11 et 12 juin 2025 dans la ville chinoise de Changsha, le gouvernement chinois a annoncé la suppression immédiate de tous les droits de douane sur les exportations provenant de cinquante-trois pays africains.

La décision s’inscrit dans le cadre d’un plan plus large intitulé « Partenariat économique Chine-Afrique pour un développement partagé » qui vise à encourager les échanges commerciaux, tout en compensant une balance largement favorable à la Chine.

Une ouverture commerciale sans précédent

Jusqu’à présent, seuls trente-trois pays africains, majoritairement classés parmi les moins avancés, bénéficiaient d’un accès préférentiel au marché chinois. Désormais, cette mesure s’appliquera à l’ensemble des nations africaines entretenant des relations diplomatiques avec Pékin, à l’exception de l’Eswatini, l’unique État du continent à reconnaître Taïwan comme indépendant.

Selon les autorités chinoises, cette réforme portera sur 98 % des lignes tarifaires et couvrira des produits agricoles, manufacturés ou encore miniers, dans une volonté claire de diversifier les importations en provenance d’Afrique. « C’est une avancée historique qui montre que la Chine traite les pays africains comme de véritables partenaires », a déclaré Wang Yi, chef de la diplomatie chinoise, en marge du forum. « Nous ne voulons pas seulement vendre en Afrique. Nous voulons aussi acheter à l’Afrique », a-t-il dit.

Vers une coopération gagnant-gagnant

Le commerce sino-africain a atteint près de 300 milliards de dollars en 2024, dont plus de 62 milliards d’excédent en faveur de la Chine, selon les données officielles. Un déséquilibre commercial qui alimente depuis plusieurs années des critiques, y compris sur le continent africain, quant à la durabilité du modèle actuel.

Avec cette suppression généralisée des droits de douane, la Chine espère encourager davantage d’exportations africaines vers son marché intérieur, tout en stimulant la production locale sur le continent. Les principales économies industrialisées d’Afrique, comme l’Afrique du Sud, le Kenya, le Nigeria, l’Égypte ou encore le Maroc, devraient être les premières à bénéficier de cette mesure. Pour les pays les moins avancés, Pékin a promis un soutien additionnel à travers des « programmes de formation, de certification et de marketing », afin de garantir que ces économies puissent elles aussi profiter de cette ouverture.

Une réponse aux États-Unis ?

Sur le plan géopolitique, cette initiative peut également être lue comme une réponse implicite aux politiques commerciales plus restrictives des États-Unis ces derniers temps. Le programme américain Agoa, qui offre un accès préférentiel au marché américain à certains pays africains, est régulièrement critiqué pour son manque de flexibilité et ses conditions politiques contraignantes.

Les défis à relever

La question de la qualité, de la logistique, ainsi que des normes sanitaires et techniques pourrait freiner l’entrée de nombreux produits africains sur le marché chinois. Par ailleurs, certains craignent une concurrence accrue avec les produits chinois sur les marchés africains, même dans un contexte d’ouverture bilatérale.

Afin d’y remédier, la Chine a annoncé qu’un accord formel de coopération commerciale avec l’Afrique serait en  préparation. Cet accord devrait consolider juridiquement ces engagements tarifaires et inclure des mécanismes d’évaluation mutuelle.

Créé en octobre 2000 à Pékin, le Focac est le plus ancien forum régional instauré par la Chine favorisant ses relations avec les pays africains. Il a pour but de mener des consultations sur un pied d’égalité, d’approfondir la connaissance mutuelle et d’élargir les terrains d’entente. Cette coopération entre la Chine et l’Afrique s’est renforcée en 2006, lorsque Pékin a lancé un fonds de développement de cinq milliards de dollars assorti de prêts sans intérêts destinés aux pays africains. Actuellement, la coprésidence de ce sommet est assurée par la Chine et le Congo pour la période de 2024 à 2027 et sera marquée par la tenue de la dixième Conférence ministérielle du Focac en 2027, sur le sol congolais.

Jean Pascal Mongo-Slyhm (Stagiaire  Adiac)

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