Cameroun: Conseils régionaux une architecture au service de la décentralisation

Cameroun: Conseils régionaux une architecture au service de la décentralisation

Les grands électeurs aux urnes le 30 novembre prochain c’est la quintessence d’un décret signé par le président de la République, Paul Biya, le 1er septembre 2025  convoquant le corps électoral pour l’élection des conseillers et exécutifs régionaux, prévue le 30 novembre 2025.

 

Contrairement à l’élection présidentielle, fixée au 12 octobre prochain, ce scrutin se déroulera au suffrage universel indirect. Les électeurs seront principalement des conseillers municipaux, des chefs traditionnels, des sénateurs et des conseillers régionaux, représentant l’ensemble des collectivités territoriales décentralisées.

Depuis les premières élections régionales de décembre 2020, le Cameroun a franchi une étape importante dans la mise en œuvre de la décentralisation prévue par la Constitution de 1996. L’un des piliers de cette réforme est la création du Conseil régional, organe délibérant dans chacune des dix régions du pays. Sa composition et son fonctionnement sont définis par la loi n° 2019/024 du 24 décembre 2019.

Chaque Conseil régional est composé de 90 membres à savoir 70 conseillers élus au suffrage indirect par un collège électoral composé des conseillers municipaux de la région, reflétant ainsi les équilibres politiques locaux , 20 représentants des chefferies traditionnelles, désignés par leurs pairs selon une répartition équilibrée entre les chefferies de 1er, 2e et 3e degré.

Ce mécanisme bicaméral vise à conjuguer démocratie représentative et légitimité coutumière, dans une logique de cohésion locale. À leur tête, les Conseils régionaux élisent un président, assisté d’un bureau exécutif. Toutefois, leur rôle reste essentiellement délibératif : ils formulent des orientations, mais n’exercent pas le pouvoir exécutif. Celui-ci demeure entre les mains du gouverneur, représentant de l’État, qui reste l’autorité administrative principale dans chaque région.

Les compétences des Conseils régionaux sont pourtant stratégiques : développement économique, aménagement du territoire, éducation, santé, environnement, agriculture… Autant de secteurs dans lesquels l’État transfère progressivement ses prérogatives. L’objectif affiché est clair : rapprocher la décision publique des citoyens, adapter les politiques aux réalités locales et encourager une gouvernance participative.

Une particularité notable concerne les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui bénéficient d’un statut spécial issu du grand dialogue national de 2019. Elles disposent d’une architecture institutionnelle renforcée : une Assemblée régionale, une Chambre des chefs traditionnels, et un Exécutif régional. Cette spécificité constitue une tentative de réponse politique à la crise anglophone, bien que les résultats restent, à ce jour, contrastés.

Dans un pays historiquement centralisé, les Conseils régionaux incarnent une dynamique nouvelle. Leur efficacité dépendra toutefois des ressources financières qui leur seront allouées, ainsi que de la volonté politique de faire de la décentralisation un levier réel de transformation, et non un simple slogan institutionnel.

Par Dimitri Mebenga

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